La peinture d'Hancotte nous entraîne dans une abstraction maîtrisée, empreinte d'une sensibilité feutrée qui confère à ses œuvres des sensations de mystère. Des femmes sans visage, des vues d'ateliers aux tonalités assourdies, des paysages épurés forment une histoire qui se veut la plus émotive possible.
 
L'impact de la matière et la puissance des rapports de couleurs priment sur l'anecdote ; le graphisme est en effet un élément inventif qui influence le sens, le stimule, en lui insufflant une force de conviction. Les plans, les valeurs, les lignes, s'enchevêtrent entre eux pour construire une architecture soutenant le sujet.
 
 Ainsi, les visages deviennent parties intégrantes de l'ensemble de la composition, les vêtements sont traités dans la même facture que les fonds, ce qui incline le style vers une abstraction, sans perdre le lien avec une figuration qui trouve sa juste place référentielle. Les femmes, thème récurrent chez Hancotte, semblent parcourir le champ de ses toiles telles des présences entre ombres et lumières, entre rêve et réalité laissant derrière elles un sillage d'émotion vaporeuse.
 
 Leurs mouvements sensuels communiquent à notre regard une sensation intérieure séduisante qui révèle notre propre aptitude à en saisir les signes dans la vie quotidienne.  La verve picturale des peintures d'Hancotte exprime une fraîcheur d'inspiration qui laisse cependant transparaître un lien avec des influences inconscientes, totalement assimilées à son travail.
 
 C'est ainsi que l'on sent des résonances, entre fauvisme et cubisme, reliant son oeuvre à l'histoire de la peinture mais avec l'originalité d'une création contemporaine.
 
Patrice de la Perrière, rédacteur en chef de la revue Univers des arts...